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L’ILLUSTRÉ
une fille, Divonne-les-Bains (F)
Une ogive nucléaire a explosé sur ma route…
Dans l’enfer des pères amputés de leurs enfants
En 2012, Éric a 52 ans. Il fait la connaissance d’une femme de dix-neuf ans sa cadette. Comme lui, elle a de l’argent. Après des années de célibat, le Néerlandais se sent prêt à s’engager. Le couple se marie en 2014. Leur fille unique, Sophie*, voit le jour au printemps 2016.
Sa naissance m’a enveloppé d’une joie profonde. Immédiatement, je l’ai aimée plus que tout
confie le sexagénaire. Des portraits de la petite fille de 8 ans rayonnante sont omniprésents dans l’appartement du centre de Divonne-les-Bains (F) où son père s’est exilé pour fuir le malheur. Un jour de mai 2019, le Néerlandais tombe sur un vieux courrier de justice recommandé à son nom. Sa femme a entrepris dans son dos une démarche de séparation à laquelle il ne peut plus s’opposer. Du jour au lendemain, le sexagénaire est dans l’obligation de quitter le domicile conjugal de Coppet (VD) et de verser 5650 francs mensuels à sa femme. Il ne peut voir sa petite Sophie qu’un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires. Cette décision le prive aussi totalement de Paul*, le fils aîné de sa femme, qu’il adorait. Le père de famille fait face comme il peut. Il se met à souffrir d’insomnie et de ce qui s’apparenterait à un trouble post-traumatique. Il perd son travail et se met à fumer et à boire. Heureusement, il parvient à enrayer ce début de chute en entreprenant une enquête « vaste et méthodique » sur sa femme et sa belle-famille. La chose débouche sur une plainte pour escroquerie contre la mère de sa fille.
Le visage d’Eric est marqué par de longues années de combat judiciaire. Mais aujourd’hui, le Néerlandais reste l’homme debout qu’il a toujours été grâce à l’amour inconditionnel l’unissant à sa fille.
À la veille de la comparution de ma femme devant le procureur, j’ai appris qu’elle m’accusait d’abus sexuel sur Sophie !
Sans qu’il y ait le moindre élément tangible, comme le montrent les documents que nous avons consultés, Éric se voit privé de sa fille de 3 ans et demi pendant six interminables mois. Et même si la justice finit par le blanchir début 2021, il devra en passer dix-huit de plus à ne pouvoir voir Sophie que dans un espace neutre, Point Rencontre, en présence de professionnels.
La première fois que je l’ai revue là, elle m’a demandé innocemment : “Tu étais où, Papa ?” Ça m’avait bouleversé…
À cause du stress constant et des fausses accusations d’inceste, Éric est victime d’une crise cardiaque fin 2019 :
À cinq minutes près, j’étais mort. J’ai fait dix jours aux urgences…
Aujourd’hui, la combativité d’Éric a payé en partie. Il s’occupe de Sophie chaque mercredi, un week-end sur deux et la moitié des vacances. Le reste du temps, la petite fille vit avec sa mère, son nouveau compagnon, leur bébé et son demi-frère dans leur villa de La Côte. Éric a bradé son chalet de Verbier pour financer sa bataille judiciaire. Il estime avoir perdu 500 000 francs rien qu’en frais d’avocats et 70 % de sa fortune. Début novembre, sa femme comparaissait devant le Tribunal correctionnel de Nyon. La justice lui reprochait diverses escroqueries et notamment d’avoir caché à son mari les courriers de justice relatifs à sa demande de divorce jusqu’à ce que le délai d’appel soit passé et d’avoir persisté dans ses accusations mensongères d’abus. Mais son ultra-marathon n’est pas terminé. Éric se dit désormais
déterminé à mettre en lumière ce qui se passe réellement derrière un système judiciaire opaque et ces préjugés où les pères sont humiliés et marginalisés en tant que citoyens de troisième ordre.
Par LAURENT GRABET
